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Première règle de composition : les lignes narratives

Voici une vidéo qui décrit la première règle de composition

et qui conditionne TOUTES les autres techniques de composition.

1 - Les lignes narratives des peintres

C'est ici LE chapitre qu'il ne faut pas manquer !

En effet, le fonctionnement de ces lignes narratives conditionne toutes les autres règles et techniques de l'art de la composition des peintres. 

La mise au jour (comme le disent les archéologue) d'une ligne narrative est très simple :

Il suffit de prolonger une ligne droite visible dans une œuvre et de noter ce que cette ligne va pointer au loin.

Les lignes droites visibles dans une œuvre sont par exemple une canne, une épée, un sceptre, un burin, une croix, etc...

La plupart du temps le prolongement de ces lignes visibles vient pointer une partie du corps d'un personnage.

Ces lignes s'observent souvent dès la Grèce antique puis plus fréquemment chez les Romains. Cet usage a ensuite perduré pendant des siècles sans jamais être dévoyé ni oublié.

Fresque Pompeï Cupidon

Fresque de Pompeï sur laquelle Cupidon tient une épée

dont le prolongement pointe l'index de la femme

Je vous propose d'observer vous-même ces lignes, en promenant votre souris sur les illustrations ci-dessous :

3 cups

Blueberries

3 cups

Blueberries

3 cups

Blueberries

3 cups

Blueberries

Les tracés de 300 objets(1) rectilignes (bâtons, épées, cordes, sceptres,...) répertoriés sur ma base de données pointent l'œil en priorité, puis le pouce, l'index, etc.

 Connaître ce fonctionnement est indispensable pour comprendre la suite des règles et techniques de composition. J'ai développé les détails à la page "Les points de référence".

Tablo % pointés.png

Rien d'étonnant à ce que l'œil soit placé en première place puisque nous sommes dans un art visuel.

L'origine de ce procédé semble remonter à la période antique où il était considéré que "La vision est le premier des sens" selon Platon.

L'œil pour la vue et la bouche pour la parole sont les deux sens à être mentionnés par cette liste. L'oreille est rarement pointée, seulement lorsque le thème du tableau est la musique. Le nez est quelques fois pointé dans les scènes évoquant... la sexualité, ou la religion.

 

Cette base de données permet de passer de l'hypothèse à une théorie sur la composition :

  • les lignes droites visibles dans un tableau s'organisent de par leur direction prolongée sur des points préférentiels du corps des personnages : œil, pouce, majeur, orteil, bouche, sein, auriculaire, index, talon, nombril, sexe, coude, nez.

  • Ce fonctionnement permet de concentrer le regard en le canalisant.

  • Cette règle permet de raconter quelque chose de congruent par rapport au sujet du tableau.

 

 

Le fonctionnement des lignes narratives est simple, vérifiable, reproductible. 


Cette première règle est la base de référence pour les autres techniques de composition.

Se sont ces lignes narratives qui guident le regard et offre un sens de lecture.

 

En effet, nous le verrons avec les angles, les grilles harmoniques, les mesures dorées, les lignes parallèles : toutes ces techniques de composition sont conditionnées par l'idée de base de pointer ou de positionner les points de référence sur le corps des personnages, ceci en relation avec le thème du tableau.

DURER Jésus chez les docteurs - Lignes narratives

Albrecht Dürer - Jésus et les docteurs - 1506

Les prolongements des livres pointent les yeux et les doigts.

Cranach_edited.jpg

Lucas Cranach - Vénus et Cupidon (détail) -

La corde pointe le sexe de cupidon et le curieux doigt de Vénus

Avec ce système esthétique, il s'agit d'une PHILOSOPHIE DE LA COMPOSITION.

Tout en offrant une harmonie il est question de donner un sens de lecture et

de créer des liens afin de raconter. 

Objection votre honneur !

"Oui OBJECTION !" : tous les objets visibles ne pointent pas forcément un point de la première règle.

Par exemple avec ce tableau d'Angola Bronzino et la flèche tenue par Vénus. La ligne prolongée de cette flèche ne rencontre rien de significatif.

Bronzino Vénus et Cupidon - nan que vise la flèche de Vénus - Analyse,

Agnolo Bronzino - Vénus et Cupidon - 1540 -

La flèche de Vénus ne pointe rien de particulier dans cette composition. 

Celle de Cupidon non plus !

En effet, cette flèche ne pointe pas un point de référence du corps, rien qui ne soit visible dans le tableau.

Mais si on considère que les peintres ne faisaient rien au hasard - comme le signalait Plutarque - en cherchant du côté d'autres règles de composition on découvre que cette flèche prend un sens particulier.

C'est notamment avec les lignes obliques parallèles et aussi avec la technique des grilles harmoniques que nous observons les choix de composition de Bronzino.

BRONZINO Vénus et Cupidon grille de compostion et flèche de Vénus

Agnolo Bronzino - La flèche de Vénus est parallèle à la grille des ½ diagonales. Cette grille conditionne un œil et un nombril.

BRONZINO Composition les obliques parallèles

Agnolo Bronzino - Obliques parallèles à la flèche de Vénus conditionnées par la 1ère règle de composition

Les points mis en relief par les obliques parallèles à la flèche et les points de la grille des demi-diagonales appartiennent bien à la première règle de composition et sont congruents avec le thème du tableau.

Cette flèche de Vénus donne même le rythme de composition avec ses obliques, et c'est la grille des demi-diagonales qui en soutient l'inclinaison

Conclusion : lorsqu'un objet visible ne pointe rien de particulier dans une composition, c'est certainement qu'il se relie de façon invisible à une construction de composition invisible. Ce fonctionnement n'est détectable que par un travail de "recomposition".

1 : Je n'ai que 300 objets répertoriés dans ma base de données de la première règle de composition, mais dans les faits je peux avancer que j'ai relevé plusieurs autres centaines d'objets qui pointent un point de référence sur le corps des personnages sans les avoir noté dans cette base.

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