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Analyse de tableau de peinture

Jan VERMEER - La laitière

Vermeer, La laitiere, 1660, Reikjmuseum - Photo gm.jpg

Jan VERMEER -  La laitière - 1660 - Rijks Muséum - Photo Guy Mauchamp

Voici une scène simple et paisible qui est devenue une véritable icône moderne. J'ai eu le plaisir de l'admirer à Amsterdam, puis de travailler sur sa composition (désolé pour les ombres du cadre : l'éclairage du musée n'était pas idéal).

Je n'ajouterai pas de commentaire tant il y en a déjà sur la quiétude de cet instant suspendu dans le temps, les magnifiques jeux d'ombre et de lumière, les couleurs chatoyantes... Cette jeune femme anonyme nous renvoie à la simplicité d'un quotidien sans phare, auquel tout le monde peut s'identifier aisément.

J'ai personnellement été interpelé par le vide lumineux derrière la laitière alors que tout est bien rempli devant elle dans des jeux d'ombres. Un mur nu presque désolé et inquiétant s'impose alors que la vie coule entre les mains de la servante. Un grand vide laiteux constellé de clous et de trous de clous qui trahissent d'anciennes activités. Alors que l'on se doute bien que la laitière prépare une recette pour le repas du jour, on se demande à quoi avaient servis ces clous dans le passé. On ne le saura jamais.

J'ai débuté mes recherches de composition avec les premiers gestes des peintres : tracer les grilles harmoniques à partir du format.

Vermmer - La laitière - composition avec la grille dorée

Vermeer - La laitière - composition avec la grille dorée qui positionne le pouce tenant le pot à lait.

J'ai été  étonné qu'une seule grille harmonique a été apparemment utilisée pour placer le pouce gauche de la femme. Mais il arrive que Vermeer ne retienne aucune grille harmonique pour conditionner ses personnages, comme par exemple dans "l'atelier du peintre". Vermeer semble inscrire ici le geste mesuré et paisible de la laitière dans un ordre naturel et harmonieux avec cette grille du nombre d'or.

Toute fois, en observant d'autres grilles harmoniques, quatre trous de clous dans le mur sont positionnés par trois grilles de composition : le carré terre (vert), les tiers (violet) et les médianes (blanc). 

Vermeer - La laitière - Les grilles harmoniques de composition

Vermeer - La laitière - composition avec trois grilles harmoniques

Pourquoi cette volonté de placer ces détails insignifiants de trous de clous dans le mur avec une telle précision ? On sait que le sens du réalisme est cher a Vermeer, de plus avec le conditionnement de ces trous sur les trois grilles harmoniques se pose la question du sens à leur donner ?

Vermeer - La laitière - Les clous sur les grilles harmoniques

Vermeer - La laitière - trois grilles harmoniques positionnent quatre trous de clous dans le mur

Une piste se dégage en traçant les lignes de regard de la femme pour découvrir ce qui la préoccupe. Sa ligne horizontale de regard ci-dessous pointe le coin du carré terre (en vert), tout en passant par le clou qui tient le panier d'osier. Voilà une autre insistance sur un clou ! Cette ligne rouge passe également par le carreau cassé de la fenêtre. Puis trois angles de regard pointent à nouveau des clous ou leurs trous : à 45° (en orange) un clou, puis deux trous de clous à 36° (en jaune) et 19° (en bleu).

Vermeer - La Laitière - Les lignes de re

Vermeer - La laitière - les lignes de regard de la femme.

Il est à noter qu'aucune ligne de regard de son œil gauche ne se préoccupe de son action présente, son geste pour verser le lait dans le pot. L'accent est mis dans la composition invisible sur les clous dans le mur, et les trous de clou qui témoignent d'un usage ancien dans le passé.

Alors que cette femme semble être toute entière à son geste familier, son regard semble divaguer dans des songes qui peut-être s'évadent par le petit trou dans la fenêtre pour flotter vers le monde extérieur. D'autres pensées nostalgiques semblent s'accrocher à un passé révolu avec les clous inutilisés, et les trous qui n'ont plus leurs clous.

Ainsi avec cette scène paisible du quotidien et ses tracés de composition, un accent semble se poser sur les traces du passé. Vermeer nous invite-t-il à une réflexion sur les cycles de la vie, sur le temps qui passe et la nostalgie qui l'accompagne ?

 

N'hésitez pas à laisser votre commentaire, vos questions en pied de page, mon plaisir est de pouvoir échanger avec vous sur la composition picturale. Merci.

Guy MAUCHAMP

Travail protégé par un copyright ©guymauchamp U79J1B9 et un dépôt à la SGDL Paris.

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